Compte rendu du voyage à Madagascar de Novembre 2019

Les valises sont prêtes et pleines de vêtements à offrir, c’est le grand jour, je retourne avec Christine à Madagascar. Émotion et un peu peur de ne pas retrouver ce que j’avais apprécié une cinquantaine d’années plus tôt !…

C’est en pleine nuit que nous atterrissons à l’aéroport. A l’hôtel d’lvato, la nuit sera courte, les coqs chantent, les chiens aboient, les malgaches se lèvent tôt et dès 5h du matin, la petite ville s’anime. C’est le début de la saison des pluies, mais ce matin, il ne pleut pas. Premières images de ce pays : des maisons aux murs peints en jaune ou rouge, rouge comme la couleur de la terre gorgée de fer, des toits de tuiles mais surtout de tôle rouillée, et déjà quelques immeubles.

La petite ville d’Ivato s’éveille à 5h du matin.

Départ d’Ivato vers Antsirabe

Dès ce matin, nous partons vers Antsirabe avec une première escale à Antanifotsy. Mais pour y aller, il faut d’abord traverser les nombreux embouteillages de la capitale Tananarive, puis les routes encombrées de zébus, de petites échoppes, d’enfants qui traversent sans regarder, de chiens qui sont au milieu de la route, de vélos aussi ainsi que de charrettes. Il faut vraiment savoir conduire ici, et éviter les nombreux trous, pourtant la route est goudronnée !

Le palais de la reine à Tananarive, ville que nous traversons.

Sur la route, les cyclos

Les paysans attendent la pluie pour repiquer le riz.

Notre travail commence avec un peu de retard, et sous un gros orage. Les malgaches sont contents, ils attendent la pluie pour pouvoir repiquer le riz. Nous rencontrons un premier groupe d’handicapés, nous aidons à la scolarité d’une trentaine d’enfants, demandons comment ils ont fait fructifier l’argent donné pour mener à bien de petits projets, élevage de poulets, vente de légumes ou culture. Cela semble simple quand on le dit ainsi mais comme je le découvrirai dans la plupart des groupes, cela est très long. En effet les enfants d’une même famille ne portent pas le même nom, ils ont souvent plusieurs prénoms, certains parents ne savent pas dans quelle classe sont leurs enfants, et les responsables de groupes ont aussi du mal à s’y retrouver et à nous expliquer. Mais beaucoup d’entre eux ont parcouru de nombreux kilomètres pour assister à cette rencontre. Je suis très émue de voir cette femme, portant son bébé handicapé dans le dos, son mari l’a abandonnée, elle est seule maintenant pour l’élever et quel sourire cependant ! Ce couple aussi portant un jeune handicapé d’une quinzaine d’années et qui nous remercie chaleureusement. Nous essaierons de lui fournir un fauteuil roulant. Il en sera ainsi dans beaucoup de groupes que nous allons rencontrer chaque jour.

Nous ne pourrons pas visiter certains groupes situés en brousse à l’est et à l’ouest d’Antsirabe, les routes ou pistes étant incompatibles avec mes problèmes de dos, aussi nous rencontrons les responsables de ces groupes à Antsirabe. Nous leur transmettrons les sommes qu’ils distribueront à leur tour aux parents de 260 enfants, pour les aider à les inscrire à l’école, au collège, au lycée et pour quelques-uns, à l’université, en ce début d’année scolaire. Nous leur donnons aussi une indemnité correspondant aux frais de taxi brousse ou taxi moto dont ils ont dû s’acquitter pour venir en ville à notre rencontre.

Moment très émouvant aussi et que j’attendais, la rencontre avec les vieillards démunis : ils sont tous assis sur les marches devant la cathédrale d’Antsirabe, à côté de Valérie, responsable entre autres de ce groupe, et dès notre arrivée, ils veulent nous serrer la main. Puis ils reçoivent un petit ticket qui leur permettra d’avoir, en allant dans une « gargote » un peu plus loin, une bonne soupe de légumes et pâtes avec au choix, un œuf ou un morceau de poulet, et ce, une fois par semaine. Une fois leur bol rempli, ils s’installent par terre sur l’herbe, et mangent tous ensemble. D’autres vieillards ne pouvant se déplacer, auront leur soupe dans un autre quartier de la ville. Nous vérifions que cette soupe contient bien les protéines demandées !

Les personnes âgées nous attendent devant la cathédrale d’Antsirabe. Elles ont leur petit ticket pour une soupe.

Distribution de la soupe.

Les vieillards mangent tous ensemble, assis par terre.

Les jours suivants, nous partons ainsi en brousse, pour rencontrer les autres groupes FKMS, parfois à plus de 100 km de la ville. Encore plus de 260 enfants que nous aidons à scolariser et 25 nouveaux projets pour adultes handicapés que nous mettons en place. L’accueil que nous recevons est toujours extraordinaire, sourires, poignées de mains, et en fin de réunion, ce sont des chants ou parfois des danses de jeunes filles, qui nous réchauffent le cœur, ainsi que des cadeaux, riz, légumes, cacahuètes, fruits, qu’ils ont cultivés.

Ils sont venus de loin pour participer à notre rencontre.

Les personnes rencontrées nous remercient par des chants.

Notre récompense c’est aussi le sourire de ces jeunes qui malgré leur handicap, ont réussi cette année le bac et peuvent continuer à étudier.

Cette jeune fille handicapée vient de réussir son bac, nous l’aidons pour qu’elle poursuive ses études.

Des exemples de projets de développement réussis : après l’achat de 3 poulets, la vente des poussins et des œufs, il reste toujours des poulets, un peu plus nombreux, mais ce père de famille a pu payer la scolarité de ses enfants, et acheter un cochon. Une autre famille, toujours à partir des trois poulets, a pu acheter un vélo qui permet à son fils d’aller à l’école, et a pu payer la scolarité.

Un jeune aveugle nous remercie par un chant, il a une très belle voix et souhaite gagner sa vie en chantant, nous lui proposons de mettre en place un petit projet afin qu’il puisse ensuite s’acheter sa guitare.

Ces personnes attendent de recevoir notre aide financière.

Il n’y a pas l’eau courante, les enfants sont chargés d’aller puiser et porter l’eau..

Des jeunes filles nous remercient par des chants et des danses

Les enfants viennent nous voir.

II y a aussi des aides d’urgence : deux personnes qui lors de notre rencontre ont fait une crise d’épilepsie car ils n’avaient plus de quoi continuer le traitement : nous leur donnons un peu d’argent pour l’achat en urgence de médicaments et une aide pour qu’ils puissent ensuite s’en sortir seuls grâce à leur travail.

Valérie, toujours souriante malgré ses douleurs, responsable de groupe et des vieillards.

Bien sûr il y a parfois des échecs, une petite chèvre dont le chevreau a été tué par un chien, donc nous aidons à nouveau. Ailleurs, ce sont quelques-uns qui ont essayé de tricher en mettant des noms différents. Nous mettons de l’ordre tout de suite pour éviter que les autres membres ne reproduisent ceci.

Il serait plus facile de se contenter de donner à tous mais nous tenons à tout vérifier, au moins du mieux que nous pouvons. Nous voulons que ces personnes retrouvent leur dignité et qu’elles deviennent autonomes grâce à leur travail et à leurs efforts personnels.

Nous apprenons que nous pourrons probablement disposer de deux chambres réservées aux handicapés qui doivent être hospitalisés à Antsirabe, dans le centre qui est en construction. C’est une très bonne nouvelle car nous avions abandonné ce projet.

Nous discutons à nouveau avec l’ingénieur de Caritas le devis pour l’école de Morafeno dont la construction est à l’étude. Nous espérons que cela pourra bientôt aboutir !

Nous faisons le point sur les diverses formations qui ont été mises en place dans les différents groupes sur la santé, la gestion financière des petits projets, le soin des animaux d’élevage… Nous allons tout faire pour prolonger et étendre ces formations.

Nous rencontrons à Tananarive la dentiste Zoé. Nous lui faisons part de notre souhait de trouver une solution pour soigner toutes ces personnes qui souffrent de problèmes dentaires et qui n’ont aucun accès à ces soins. Nous attendons maintenant le fruit de ses recherches.

Nous pensons aussi à acheter des bijoux ainsi que de l’artisanat, tous ces objets seront vendus en France lors du marché de Noël, de la foire aux vins ou lors du repas solidaire qui aura lieu en juin.

Nous achetons les bijoux pour le marché de Noel.

Achat d’artisanat à Tananarive.

Sur l’avenue de l’Indépendance à Tananarive, les nombreux marchands.

Petits vendeurs le long des routes. C’est la saison des mangues.

Les maisons dans la brousse, vers Antsirabe.

Ce sont donc avec des valises à nouveau pleines que nous repartons. Avec dans nos têtes tous ces sourires que nous emportons mais aussi le sentiment que nous devons continuer notre œuvre jusqu’à ce que chaque personne que nous aidons progresse dans la vie et devienne autonome dans la mesure du possible, mais cela prendra beaucoup de temps. Alors continuons, même si cela est parfois difficile, moralement et physiquement. Ils ont besoin de nous !

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4 commentaires pour Compte rendu du voyage à Madagascar de Novembre 2019

  1. Minoarivelo dit :

    Bonjour,
    Merci pour la publication de cet article, je l’ai lu avec intérêt et émotion. Elles sont belles les photos !
    Merci de tout cœur à l’association d’aider les personnes les plus démunis. C’est très bien et très touchant ce que vous faites. Merci !
    Je suis originaire d’Antsirabe.

  2. Monique FOULQUIER dit :

    Merci pour ce merveilleux article qui décrit bien une partie de notre action. Bon courage pour la suite, et à bientôt.
    Bien amicalement.
    Monique

  3. Kristi Carroll Lorin dit :

    Merci beaucoup, Mireille et Christine, pour ce bel article racontant et illustrant votre visite à Antsirabe. J’ai hâte de vous voir pour entendre davantage sur votre voyage. Mes amitiés, Kristi

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